Salammbô

Carthage ! Le nom résonne de mille évocations, de mille mystères, il est à la fois symbole de puissance et de passé, de civilisation et de richesse, d'un défi lancé depuis un rocher improbable, comme d'une légende disparue qui pourtant a traversé les âges jusqu'à nos jours. Gustave Flaubert rime avec auteur d'exception. Autant contesté, pour des oeuvres comme Madame Bovary, qu'admiré à son époque pour la puissance de son style, il reste l'un des plus grands romanciers du XIXe siècle. Son nom demeure de ceux dont tout élève étudie les oeuvres principales. Outre sa qualité littéraire, alors qu'en surface Salammbô n'a pas grand-chose du pamphlet ni de la dystopie, les valeurs que le livre porte l'imposaient à notre catalogue. Pour mieux l'entrevoir, il n'est pas inutile de se souvenir que l'auteur ne portait pas le Second Empire dans son coeur. À cet égard, il ne faut pas s'y tromper, il n'a pas choisi Carthage sans raison. Elle lui permet de prendre du recul, tel le flamboyant miroir de Rome ; elle lui permet de parler d'empire et d'injustice sans parler de l'Empire. Ainsi, Salammbô prend la forme d'une histoire d'amour glorifiant la grandeur et la grandeur d'âme, mais constitue d'abord une oeuvre du plus bel art de Gustave Flaubert, plongeant le lecteur dans un moment de lecture magnifique et de grande qualité. Bien qu'aux antipodes, dans son cadre et son propos, des textes phares de l'auteur, son intensité et son style ne manqueront pas de toucher les plus exigeants.