Instabilités et mutations : les jeux du « Je » dans la littérature latino-américaine

Il semble aller de soi que le concept du « je » en littérature se réfère au narrateur, au sujet lyrique ou au personnage de théâtre. Cependant, si l’on approfondit la réflexion, la définition est plus complexe qu’il n’y paraît, car il n’est pas aussi aisé de dissocier dans le récit narrateur et instance auctoriale, et en poésie, sujet empirique et sujet lyrique. Quelles caractéristiques du « je » émergent de la façon dont il s’expose et de la réception qu’en a le lecteur ? L’acte de lecture pourrait, dans les différents genres littéraires latino-américains, se proposer de mettre en évidence dans leur diversité les stratégies de mise en texte de cette subjectivité et de débusquer les masques derrière lesquels se cachent ce « je » et ces jeux du « je ». Les treize articles de cet ouvrage constituent les deux parties intitulées « Artifices, jeux et pouvoirs du je » et « Autofiction, histoires et Histoire », et abordent cette problématique en prenant pour cadre la littérature latino-américaine du XXe et du XXIe siècles. Il s’agit ainsi de mettre en lumière les divergences ou convergences inter-génériques à l’oeuvre dans la production littéraire latino-américaine contemporaine. Quelle posture est adoptée par l’écrivain latino-américain : instabilité, fragmentation, effacement d’un « homme sans qualités » pour reprendre le titre du roman de Robert Musil ou affirmation de la toute puissance du moi créateur ? Quels masques portent le « je » et son créateur et dans quel but ? C’est à ces interrogations que les chercheurs du volume répondent dans leurs contributions invitant le lecteur à entamer un voyage qui, du Mexique jusqu’à l’Amérique du Sud, va le conduire au coeur d’écritures aux « je » multiples.